Ils achètent des forêts pour éviter les coupes rases et sauver la biodiversité

En Périgord, des particuliers se regroupent pour sauver des parcelles forestières d'une exploitation industrielle nuisible à la biodiversité

Grâce aux outremers, la France est le cinquième pays comptant le plus grand nombre d'essences forestières.  En métropole, la forêt couvre 17 millions d'hectares, soit plus de 30% du territoire avec sept espèces principalement représentées, le chêne, le hêtre, le châtaignier, les pins maritimes et sylvestres, l'épicéa et le sapin. Forêt abondante et variée, à l'image des forêts du Périgord.

Rentable en bois

Mais ce lieu de promenade, de chasse ou de cueillette, ce poumon vert qui absorbe 63 millions de tonnes de CO2 chaque année, est aussi une ressource naturelle en bois de chauffage, d'œuvre ou de construction. Une ressource exploitée par des groupements forestiers, animés par un souci compréhensible de rentabilité. Compréhensible, mais pas nécessairement bon pour la planète. 

Du pin sur la planche... à billets

Car cette rentabilité passe souvent par la plantation de pins maritimes ou sylvestres, mieux adaptés à l'exploitation. Le résineux, d'une croissance plus rapide et facile à exploiter, est aussi plus rentable pour les groupements forestiers. Résultat, les forêts de feuillus laissent place à une sylviculture uniformisée de pins, standardisée, mais défavorable à la biodiversité et peu compatible avec le développement durable.

Ce n'est plus une forêt, ça devient une culture d'arbres ! On perd totalement la diversité qui fait la richesse du Périgord.

Philippe Poncelet

GFCE "Troncs Communs"

Pour lutter contre cette "prédation des ressources naturelles par les lobbies financiers"  nuisible à la biodiversité, la résistance s'organise. Des associations comme le collectif SOS forêt France ou le Réseau pour des Alternatives Forestières se sont créés. 

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Des particuliers se regroupent pour acheter des parcelles forestières et éviter qu'elles ne soient exploitées en résineux, accusés d'appauvrir la biodiversité locale ©France télévisions

Troncs communs et front uni

En Dordogne, on connaissait SOS Forêt Dordogne. Cinq Groupements Forestiers Citoyens et Écologiques ont déjà vu le jour. L'an dernier, c'est Troncs Communs qui a décidé de prendre les choses en main dans la Vallée du Boulou, un secteur particulièrement riche en biodiversité du Périgord vert. Une trentaine de citoyens se sont regroupés dans ce nouveau GFCE. Leur objectif, acquérir des forêts autour des communes de Bourdeilles, Brantôme, Paussac et Leguillac de Cercles afin de préserver ce secteur et proposer des alternatives durables à la gestion forestière. Vaste programme qui consiste à " lutter contre la multiplication des coupes rases, l’industrialisation galopante de la sylviculture, la monoculture de résineux, le développement important de la filière bois-énergie, le changement climatique, l’extinction de masse des espèces et l’inaction des pouvoirs publics."

Les Troncs Communs prennent racine

Les premiers achats de parcelles sont sur le point d'aboutir et la formule séduit de plus en plus d'adhérents. " On était 33 au départ sur le projet, maintenant, on est 57. Il y a une première vente de deux hectares et quelques sur La Tour Blanche, et après, on est sur une promesse sur 11 hectares", se réjouit Virginie Bonduaut, l'un des membres du groupement.

La valorisation des parcelles acquises se fera selon la méthode Pro Silva qui conseille de gérer les bois et forêts sans coupes rases grâce à une sylviculture à couvert continu, avec des futaies irrégulières constituées d'arbres de tailles, d'essence et d'âge différents permettant le maintient et le développement de la vie.

À lire aussi : Une marche contre l'envahissement des pins maritimes en Dordogne 

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